• Les lavoirs et de leurs utilité...

    Créés pour lutter contre le manque d’hygiène dans le milieu du XlX siècle,
    le lavoir était un lieu de travail, bien sûr, mais aussi, et peut surtout,
    un lieu de bavardage et de convivialité.

    C’était là que les potins circulaient,
    que les rumeurs naissaient, que les nouvelles se transmettaient.

    C’était aussi un endroit de concurrence sociale.

    A cette époque, on pouvait juger de la richesse ou de la pauvreté sur le nombre de draps ou sur la qualité du linge.

    L’aménagement des lavoirs publics

    s’est fait après le vote de la loi de février 1851.

    A la suite des nombreuses épidémies de choléra en 1830 et 1850,
    il fut fait obligation de construire des lavoirs ouverts à tous
    pour améliorer une hygiène défaillante.

    On compte pas le nombre d’oeuvres d’art ou de constructions exceptionnelles
    au niveau de l’architecture des lavoirs.

    L’eau ne manquait pas dans notre pays
    et les travaux de construction n’étaient pas très importants.
    Cependant ces petites bâtisses rustiques ont eu et retrouvent grâce à des rénovations entreprises un charme certain.


    Le lavoir doit toujours se situer après la source de la rivière ou du cours d’eau,
    de façon à ce que l’eau savonneuse
    ne puisse pas contaminer l’eau potable en amont de la source.

    On trouvait plusieurs principes d’aménagement:
    Un barrage en aval qui peut être un simple radier pour maintenir le niveau d’eau;
    ou un système de vannages plus ou moins complexe compatible
    uniquement avec les petites rivières.

    Pour les grandes, deux astuces

    On monte le plancher en bois du lavoir suivant le niveau de l’eau avec un système de poulies ou bien, le lavoir est conçu avec des gradins qui permettent de laver à différents paliers suivant le niveau de la rivière.

    Les lavoirs n’étaient pas forcément publics. Certaines femmes possédaient leur propre lavoir au bout du jardin mais souvent cette femme comblée inviter ses voisines à venir laver leur linge sale en famille.

    La lessive était bouillie à domicile,
    un dernier frottage et le rinçage se passaient au lavoir.
    C’était un lieu exclusivement féminin.

    Le dicton dit:
    Le lavoir est à la femme ce que le cabaret est à l’homme.

    C’était avant la libération de la femme.
    C’était au temps où les machines à laver, à essorer, à sécher... n’existaient pas.

    Du temps où ne naissait pas chaque jour une nouvelle marque de lessive,
    qui bien entendu lave plus blanc que la précédente.

    La “lessive”, appelée “buie”, “bujade”... suivant les terroirs,
    était un grand événement dans les fermes françaises.

    Elle occupait une grande partie du temps des femmes.
    Il était même, dans certains cas, nécessaire d’embaucher des laveuses.
    Il y avait à laver des draps et du linge amassés au cours des semaines.

    Il fallait faire tremper le linge sale dans l’eau pendant une nuit pour pouvoir
    ensuite le laver à la brosse sur la planche à laver,
    à moins d’avoir à proximité un point d’eau ou un lavoir,
    qui permettaient aux laveuses de s’installer au bord de l’eau,
    à genoux et de faire leur boulot avec une brosse à chiendent et le battoir.

    Pour faire la lessive, on utilisait comme ‘poudre à laver”, la “charrée”,
    sorte de poudre préparée avec de la cendre fine de ronces ou de javelles,
    un peu de cristaux de soude et de l’eau.

    Le tout étant mis à bouillir.
    La bouillie ainsi obtenue était placée dans un sac de toile appelé le “ballot ”.


    Baquet de lavage.
    On plaçait ensuite le linge lavé à la brosse ou au battoir
    dans une cuve en bois dont la base était percée d’un trou, 

    et dont on avait garni le fond de quelques pierres

    ou de quelques morceaux de bois

    (ceux ci, après plusieurs usages devenaient blancs comme des os),


    afin d’isoler le linge du fond de la cuve et permettre l’écoulement du jus de lessive, appelé “pissu ”(celui-ci était d’ailleurs très souvent utilisé
    ensuite pour laver les sols pavés de la maison).

    Après en avoir entassé une certaine quantité, les plus sales en dessous,
    on posait au milieu le sac de “ballot ”,
    et souvent aussi, pour parfumer un sac de rhizomes d’iris séchés et coupés en morceaux (l’assouplisseur de l’époque).

    A l’aide d’un récipient cylindrique en tôle muni d’un manche en bois,
    on arrosait, sans arrêt,la lessive avec de l’eau bouillante.

                                    L’eau passait lentement au travers du linge,                                 le débarrassant au passage de ses souillures.


    Après toute une journée d’au moins de 10 h de lavage,
    le soir venu, on s’arrêtait, la lessive était alors dite: “coulée”.


    Le lendemain matin, on rinçait les draps et le linge à l’eau claire et froide.
                      Il ne restait alors qu’à les étaler sur le pré le plus proche,                           ou sur le champ de luzerne.

    On pouvait aussi les étendre sur un fil tendu dans la cour de la ferme.

    Il était quasiment interdit

    de faire sa lessive les jours où l’on chante “Ténèbres”

    on nommait ainsi l’office des mercredi,jeudi et vendredi de la semaine Sainte,

    parce qu’à son issue on éteint toutes les lumières.

    Il en allait de même pendant la période sur nommée les Quatre-Temps
                            (les trois jours mercredi,jeudi, vendredi et samedi,                                    précédant le début de chaque saison).

    Tout ce savait dans cet endroit commun.

    Les ragots, les jugements allaient bon train dans ce lieu de rivalités sociales.

    Les comparaisons sur la beauté, l’importance du linge, les qualités de la ménagère,
    son aptitude à repriser parfaitement ses vêtements, tout était examiné et testé.

    Cela pouvait même aller jusqu’à remarquer l’absence de traces de règles sur la culotte d’une jeune fille du village.

    Absence annonciatrice d’un "engrossement" prématurée....

    Une forte compétition existait entre les laveuses professionnelles,
    les mères de famille venant laver leur linge et les domestiques

    lavant le linge des bourgeois qui les employaient.

    Les “pro” avaient les meilleures places,

    les domestiques étant relégués dans les coins ou les bouts.



           Que d’histoires qui ont étaient racontées, passées, ou ont été inventées,            au lavoir, les jours de grande lessive!!!!

              Quoi de plus romantique que de terminer une balade au fil de l’eau                  auprès d’un lavoir.

    Point de rencontre entre générations, lieu en général abrité,
    attirance inexpliquée de l’eau...

    Le lavoir est un lieu étrange voire mythique.
    Il bruit encore des mille et un mots des plus pipelettes parmi les laveuses.

    Il résonne encore de multiples histoires drôles ou dramatiques.

    Il frissonne encore des tendres baisers échangés là par des amoureux
    se cachant du regard oblique des passants honnêtes........toute une époque !!

    Ouf!!! Mesdames!
    Voilà une des meilleures inventions de XX ème siècle pour votre libération

     


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